ESCHER était un dessinateur remarquable, dans la plus pure tradition du nord de l'Europe. Mais il possédait aussi la maîtrise parfaite de la technique de la gravure. Graver était pour lui une seconde nature, comme écrire ou dessiner au crayon. Dans ses débuts, la maitrise de la technique était son seul but, mais il comprit très vite qu'il pouvait, par ce moyen, exprimer des idées sans rapport avec la gravure elle-même (Sur les rapports d'ESCHER avec la gravure, voir l'introduction du livre "M.C. Escher - L'oeuvre Graphique - Editions Benedikt Taschen - Berlin", écrite par ESCHER lui-même).

Bien qu'il ait à l'occasion exécuté des aquarelles et des sculptures, l'estampe n'a donc jamais cessé d'être le moyen d'expression favori d'Escher. Nous présentons ici les techniques qu'il a utilisées le plus fréquemment :

Procédés en relief: Cette technique tire son nom du fait que l'on creuse le support autour du dessin à reproduire pour le faire apparaître en relief (on épargne le dessin d'où également le nom de taille d'épargne). Seul le relief est imprimant comme les lettres d'imprimeries ou les tampons encreurs:
Linogravure
Gravure sur bois

Procédés à plat: La lithographie est le procédé d'impression d'une image d'une surface plane. La technique inventée à la fin du dix-huitième siècle repose sur le principe de la répulsion de l'eau par les corps gras.
Lithographie

Procédé en creux: De même que le bois est le médium privilégié de la gravure en relief, le métal est celui de la gravure en creux ou gravure en taille-douce, du nom de la presse utilisée. Le dessin est gravé en creux sur la plaque, d’un trait plus ou moins large et plus ou moins profond qui donnera, à l’impression, des tonalités de noir différentes. Une fois le travail de gravure achevée, on encre la plaque en en posant une encre grasse spéciale, et en la faisant pénétrer dans les tailles par des petits mouvements circulaires. Ensuite on essuie la surface, de façon à ce que l’encre ne reste que dans les creux. On pose la plaque sur le plateau de la presse. On pose dessus le papier (papier chiffon spécialement fabriqué) , humidifié pour le rendre plus souple. On pose sur le papier des « langes » : fines couverture de laine foulée, destinées à accompagner le papier qui va aller chercher l’encre dans les tailles. On fait tourner la presse, et on peut soulever les langes, puis le papier et trouver l’image imprimée. (inversée gauche-droite)

Les différentes techniques de taille-douce sont :
- les techniques de taille-directe : pointe-sèche, burin et manière noire : on n’utilise ni vernis ni acide.
- pointe-sèche: on dessine comme au crayon, sauf que la mine est plus dure que le cuivre : diamant, tungstène, acier aiguisé. Le trait peut être un peu flou à cause de la « barbe » (le métal qu’on a retiré)
- burin: c’est une petite lame qui tient dans la main et attaque le cuivre en un trait qui a la forme d’un triangle. Pas de barbe, un trait très net.
- manière noire : on raye toute la plaque à l’aide d’un « berceau », si on l’imprimait on aurait un noir absolu. Et ensuite on écrase le cuivre de façon à revenir au gris ou au blanc. On ne voit pas de trait.

- les techniques d’eau-forte: le principe est qu’on travaille avec un vernis qui protège le cuivre et qu’on dégage le cuivre seulement à certains endroits ; ce cuivre est ensuite creusé, « mordu », par de l’acide nitrique ou du perchlorure de fer.
- si c’est fait au trait, on a une simple eau-forte.
- si on a une surface découverte, on y pose une résine en poudre qu’on chauffe pour qu’elle adhère au cuivre, et ensuite l’acide mordra entre les petits grains et fera une surface en petits points.
- la technique « au sucre » : on peint à l’encre de chine saturée de sucre, ensuite on passe un vernis dessus. Dans l’eau, le sucre va faire sauter le vernis et ensuite on met une résine.

Il existe bien sûr d'autres techniques de gravure qu'ESCHER n'a pas utilisées, mais dont il vous intéressera sans doute de connaître l'existence à titre d'information:

Le carborandum
L'aquatinte

Merci à Eve Luquet, mon amie artiste peintre et graveure, qui m'a communiqué toutes ces précisions sur les techniques de gravure.